Une élection présidentielle devrait se tenir en Tunisie en juillet au plus tard, et sans les fraudes constatées sous le régime de Zine Ben Ali, a déclaré jeudi Iyadh Ben Achour, qui dirige une commission chargée des réformes politiques.
Confronté à un soulèvement populaire, Ben Ali a fui la Tunisie à la mi-janvier, mais près d’un mois plus tard, aucun échéancier pour des élections n’a été présenté.
Iyadh Ben Achour, professeur de droit nommé par le gouvernement provisoire pour participer à la mise en place d’un nouveau système plus démocratique, a souligné que sa commission n’avait pas encore formulé de recommandations et qu’il ne faisait qu’exprimer son opinion personnelle.
Il a néanmoins exposé à Reuters un projet prévoyant une réforme du code électoral, le début de la campagne dans au moins 45 jours, une élection présidentielle au plus tard à la mi-juillet, la dissolution du Parlement et l’élection d’une assemblée constituante pour rédiger une nouvelle Constitution.
« Mon opinion personnelle est qu’il faut que nous ayons une élection présidentielle dans un délai maximum de six mois« , a-t-il dit. « Nous avons un seul objectif et nous ferons tout pour atteindre cet objectif: l’objectif est d’organiser de véritables élections pour la première fois en Tunisie. »
« C’est l’objectif fondamental. Je ne reculerai pas d’un pouce par rapport à cela. Je démissionnerai si jamais on oublie cet objectif« , a souligné Iyadh Ben Achour.
Aux termes de la Constitution tunisienne, une élection présidentielle devrait se tenir au plus tard deux mois après le 14 janvier, date du départ en exil de Ben Ali.
« STRATAGÈMES JURIDIQUES »
Iyadh Ben Achour a déclaré que la Tunisie pouvait invoquer la force majeure pour reculer cette date de sorte que les candidats aient davantage de temps pour se préparer.
Il a estimé que le code électoral et la législation qui y a trait devaient être réformés parce qu’ils sont « pleins de pièges et pleins de stratagèmes juridiques » introduits par Ben Ali pour écarter toute contestation de son pouvoir.
Prié de dire combien de temps prendraient l’arrêt de la date du scrutin et le lancement de la campagne électorale, il a répondu: « Pour nous permettre de réformer le code électoral, je pense qu’il nous faudra au moins un mois et demi« .
À son avis personnel, a-t-il ajouté, la prochaine étape après l’élection présidentielle devrait être la dissolution des deux chambres du Parlement et la tenue d’élections législatives pour élire une assemblée législative et constituante.
« La dernière phase sera la préparation d’une nouvelle Constitution qui sera préparée par l’assemblée constituante et permettra à la Tunisie de se diriger vers une Deuxième République« , a-t-il dit.
Sa commission, a-t-il ajouté, ne publiera ses recommandations sur les étapes à suivre qu’après consultation de tous les groupes concernés, y compris du mouvement islamiste Ennahda, interdit sous Ben Ali.
Ennahda a exclu de présenter un candidat à la présidentielle, mais certaines personnes, en Tunisie et à l’extérieur, disent redouter qu’avec la chute du régime résolument laïque de Ben Ali, le pouvoir puisse tomber entre les mains d’islamistes.
« Ils (les dirigeants d’Ennahda) se sont engagés à ne pas violer les principes de la démocratie, à ne pas recourir à la charia (loi islamique), à se comporter en parti civil« , a dit Ben Achour.
« J’ai eu des consultations avec les gens d’Ennahda et bien sûr, ils seront écoutés et leur position sera prise en considération et ils auront, comme tout le monde, le droit de s’exprimer, ni plus, ni moins« .(Reuters – 10 février 2011)
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