Les tunisiens sont par nature un peuple humble à la limite de la naïveté. Ils ont souvent tendance à chercher à vite oublier, à pardonner et à enjamber les difficultés pour retrouver la sérénité. Cela à fait que notre histoire est en grande partie une série d’erreurs. Souvent trop pressés et enclin au compromis on à fini par vendre la peau du loup avant de l’avoir tué. Les évènements, qui sont en train de se passer depuis le soulèvement qui à chassé le dictateur, nous appellent amèrement cette nature qui nous a souvent condamné à l’échec au cours de notre histoire.
Je ne veux pas parler de la malicieuse mauvaise foie de personnages lugubres qui ont toujours été présents par leur manigances et complot pour fausser les décisions qui auraient pu à chaque fois changer dans le bon sens le cours de notre histoire. Toujours cachés dans les couloirs arrières des despotes, tyrans, dictateurs et tortionnaires à nous baver de promesse dans l’intention de nous confisquer les fruits de nos révolutions et de notre dime du sang. Ils ont toujours été maitres dans la tromperie et la subornation, toujours habile à nous faire sortir de piètres marionnettes dont l’imbécilité n’a d’égal que l’excès d’éloges et de magnificence dont ils sont gratifiés pour nous convaincre de leur morale, de leur droiture, de leur compétence et de leur probité. Ainsi ils ont toujours réussi à nous arracher notre destin de nos mains, à nous voler nos révolutions.
Je ne veux pas non plus parler des gens qui ont payé par leur sang, par leur martyr, par leur souffrance et par tous les sacrifices qu’ils ont du supporter. Souvent des gens ordinaires, tunisiens de tous les temps qui ont toujours appris à donner sans contre partie. Des gens comme ceux des martyrs de Sidi Bouzid de Thala de Kassrine et des dizaines d’autres localités qui ont assisté impuissant au spectacle de vies tronqués de leurs enfants. Que leur dire maintenant ? Un beau discours sur la bravoure ou quelques sourates de prière sur leurs âmes qui observent du haut des cieux la trahison, la lâcheté et l’hypocrisie.
Je ne veux pas en fin parler de mon désarroi devant ce qui est en train de se passer face à l’échec du verbe qui crie pour le dénoncer…
L’histoire vient de nous mettre pour une fois au premier rang d’une révolution qui est en train de changer le monde entier en ébranlant un statuquo qui a empêché longtemps tant de peuples et de nations de s’émanciper du joug de l’injustice, de l’humiliation, de la persécution et de l’exploitation. C’est notre devoir face à l’humanité et face à l’histoire de faire aboutir notre révolution, d’assumer notre rôle de leader, d’honorer nos martyrs de détruire les structures de la dictature et d’extirper définitivement ses racines de notre terre.
Yahyaoui Mokhtar – Tunis le 1er fevrier 2011
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