Il est difficile de comprendre les raisons ou l’intérêt qui ont amené le président Ben Ali à créer un nouveau poste de porte parole du gouvernement. Le régime présidentiel (totalitaire) que nous connaissons a déjà son porte parole attitré et le gouvernement n’est qu’un instrument parmi d’autres aux mains du président. Le moment est-il approprié pour instaurer deux portes parole d’un seul pouvoir alors que la rue revendique haut est fort son droit à la parole pour la première fois depuis plus de deux décennies sans trouver auprès du pouvoir l’échos susceptible de le calmer ? Si les questions sont si nombreuses qu’on peut ne pas finir de les énumérer, l’expérience et la nature même du système nous interdise de tomber dans la naïveté d’espérer que ça pouvait peut être commencé à changer de ce coté.
Le régime commence certes à montrer les signes de tiraillements intérieure et tout le monde sais qu’il est encore très tôt pour savoir vers quel coté les choses vont se stabiliser. Si les changements promis depuis 23 ans vont pouvoir cette fois l’emporter ce n’est ni le changement d’un porte parole ni l’ajout d’un nouveau ou la démission de quelques responsables marginaux qui va le signer, on ne peut pas garder le Roi e ne sacrifiant que des pions.
Ainsi, on ne peut voir là qu’un signe d’hésitation. Un de plus comme cette émission consacré à Sidi Bouzid diffusée la nuit et censurée le lendemain ou comme chaque jour partout dans le pays des manifestations tolérés ici et sauvagement réprimé ailleurs. On ne peut que noter qu’il y a dans le discours comme dans les actes du pouvoir face aux événements en cours une contradiction flagrante qui fait douter de ses véritables fins : dépasser la crise ou apporter les solutions appropriées à questions posées. Les dernières sorties du président sont révélateur sur cette résistance au changement
A vingt jours du déclanchement des événements, il devient clair que le choix de l’attente et de l’observation l’emporte sur celui de l’implication et de l’engagement. Si les protestations en cours n’ont pas tourné à l’émeute généralisée ils ont bel et bien dessiné les acteurs et les contours d’une remise en question bien définie appelée à s’inscrire dans l’histoire de notre pays. Le régime donne l’impression de se barrer en solitaire dans ses derniers tranchets derrière sa machine de répression. Qu’a-t-il arrivé à cette marée de supporters qui nous inondaient juste quelques jours auparavant, par leur appel au président sollicitant sa présentation au-delà de son mandat définit par la constitution. Qu’est-il advenue de ces médiats du paradis qui ont fait profession de bercer le pays dans l’illusion. Ou sont passés ces hommes d’affaire bayeurs de l’hypocrisie et corrupteurs du pouvoir. Ces voix sont devenues tellement inaudibles qu’on dirait qu’ils croyaient pour de bon à leur théorie du complot orchestré par des médias étranger pour remonter le petit peuple tunisien contre se grands dirigeants. Ils laissent le sal travail à la police, les juges et si besoin l’armée…
Conduisant son présent mandat sous le signe de « relever les défis », le président Ben Ali est en présence d’un véritable défi lancé par les contestataires de tout part et dont la survie même de son régime peut en dépendre de sa stratégie pour le relever. Il a face à lui deux stratégies concurrentes sans être opposés. Une stratégie de déstabilisation pour un changement globale de régime à n’importe quel prix ses initiateurs ne voie de salut pour le pays que par son départ. Ils considèrent que le mouvement en cours a sonné le glas de la fin. L’autre stratégie s’inscrit dans une logique de pression. L’ampleur et la nature des contestations populaire ne supportent qu’une seule interprétation. Elles signifient au président Ben Ali que les vrais changements, promis par lui un certain 7 novembre 1987, c’est aujourd’hui qu’il doit tenir ou jamais…
La Tunisie attend des signes forts, c’est le seul moyen de lui redonner confiance et lui rendre sa cohésion.
Yahyaoui Mokhtar – Tunis le 05 Janvier 2011
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