TUNIS – Un rappeur et deux activistes blogueurs ont été arrêtés jeudi par la police en Tunisie, ont indiqué leurs familles, alors que l’organisation Reporters sans frontières (RSF) faisait état d’une quatrième arrestation, également d’un militant blogueur.
Hamada Ben Amor, 22 ans, plus connu sur le net sous le pseudonyme « Le Général », a été arrêté au domicile de ses parents à Sfax, où des policiers étaient venus le chercher à 05H30 locales (04H30 GMT), a indiqué à l’AFP son frère Hamdi.
Il s’était rendu célèbre par un rap intitulé « Président, ton peuple est mort » diffusé sur internet devenu un espace privilégié d’expression contestataire pour des milliers de jeunes, notamment sur Facebook et Twitter.
Slim Amamou et El Aziz Amami, deux cyberdissidents très actifs, ont été également arrêtés, a indiqué à l’AFP leur camarade journaliste opposant Sofiene Chourabi.
Slim appréhendé à la mi-journée a laissé un message sur Twitter pour dire qu’il était sur le point d’être arrêté et El Aziz a envoyé un texto à sa fiancée l’informant de son arrestation, a ajouté M. Chourabi.
De son côté, RSF faisait également état de l’arrestation jeudi du blogueur et militant Hamadi Kaloutcha « à son domicile aux alentours de six heures du matin par quatre ou cinq policiers en civil » qui y ont aussi saisi, selon l’ONG, « un ordinateur portable et une unité centrale ».
« Les policiers ont déclaré à son épouse qu’ils l’emmenaient au commissariat le plus proche, qu’ils avaient +seulement quelques questions à lui poser+ et que +cela ne prendrait que quelques heures+ », écrit RSF dans un communiqué, précisant: « On est toujours sans nouvelles de lui ».
En mai dernier, ces blogueurs avaient activement participé avec un groupe d’internautes à une campagne contre la cybercensure et dénoncé le verrouillage de sites internet.
Ces arrestations, qui n’ont pu être confirmées dans l’immédiat par des sources gouvernementales, intervenaient au lendemain de cyber-attaques de groupes d’internautes solidaires du mouvement de protestation sociale que connaît la Tunisie depuis le 18 décembre.
Ces attaques répondaient à un mot d’ordre répandu sur internet par les « Anonymes » (Anonymous) qui se présentent comme un groupe d’internautes attachés à la liberté d’expression et reprochent aux grands médias de ne pas évoquer suffisamment la situation en Tunisie.
Cinq sites gouvernementaux tunisiens, un site d’information officiel et le site d’une banque islamique ont été piratés par un groupe d’activistes qui s’était déjà attaqué à Paypal et Mastercard, indiquait Tunisie Numérique, une association dont le but est de soutenir des projets sur internet.
« Ce n’est pas en arrêtant quelques blogueurs que les images des manifestations disparaîtront de la Toile et que les cyberattaques cesseront », a déclaré RSF, qui demande aux autorités « de les libérer dans les meilleurs délais ».
La Tunisie est en proie à une révolte sociale inédite, partie du centre-ouest du pays, qui a fait 5 morts au total: trois suicides et deux tués par balles, des blessés et des dégâts matériels importants, selon un décompte de l’AFP. (AFP / 06 janvier 2011)
Communiqué de Reporters sans frontières :
Vague d’arrestations de blogueurs et de militants
Reporters sans frontières dénonce les arrestations et disparitions de blogueurs et de militants connus pour leur engagement pour la liberté d’expression en ligne, survenues le 6 janvier 2011 dans différentes villes tunisiennes. L’organisation a répertorié au moins quatre cas mais la liste pourrait être plus longue. Selon plusieurs sources contactées par Reporters sans frontières, ces blogueurs auraient été interpellés par la police afin d’être interrogés sur les actes de piratage de sites gouvernementaux par le groupe de hackers militants Anonymous.L’organisation demande aux autorités de les libérer dans les meilleurs délais. “Ces arrestations, destinées à intimider les internautes tunisiens et leurs soutiens internationaux, sont contreproductives et risquent d’attiser les tensions. Ce n’est pas en arrêtant quelques blogueurs que les images des manifestations disparaîtront de la Toile ou que les cyberattaques cesseront”, a constaté Reporters sans frontières. Durcir la répression n’est pas la solution à la crise que traverse la Tunisie aujourd’hui.Le blogueur et militant Hamadi Kaloutcha(http://www.facebook.com/Kaloutcha.Hamadi) a été arrêté à son domicile aux alentours de 6 heures du matin par quatre ou cinq policiers en civil. Un ordinateur portable et une unité centrale ont également été saisis. Les policiers ont déclaré à son épouse qu’ils l’emmenaient au commissariat le plus proche, qu’ils avaient “seulement quelques questions à lui poser” et que “cela ne prendrait que quelques heures”. On est toujours sans nouvelles de lui.Le rappeur tunisien El Général – de son vrai nom Hamada Ben Aoun – aurait également été arrêté à Sfax (270 km au sud-est de Tunis). Dans son morceau “Président, ton peuple est mort“, il interpelle le président Ben Ali sur la corruption et le chômage. Populaire auprès des jeunes Tunisiens, la vidéo a largement circulé sur la Toile (voir la vidéo).En outre, on est sans nouvelles de Slim Amamou et Azyz Amamy, deux net-citoyens basés à Tunis. Slim Amamou avait déjà été brièvement détenu, le 21 mai 2010, à la veille d’une manifestation contre la censure du Web qu’il avait prévu d’organiser devant le ministère de l’Information à Tunis. D’après plusieurs militants des droits de l’homme qui souhaitent garder l’anonymat, il serait actuellement au ministère de l’Intérieur. Quant à Azyz Amamy, il aurait couvert les événements de Sidi Bouzid. Son blog est actuellement inaccessible (http://azyz404.blogspot.com/), et sa page Facebook serait désactivée.Ces arrestations se déroulent alors que les autorités tentent, en renforçant la censure sur le web, d’étouffer les mouvements de contestation sociale et politique qui agitent le pays et de maîtriser les cyberattaques dirigées contre des sites gouvernementaux. Les réseaux sociaux ont assuré une couverture sans précédent des événements, alors que les médias traditionnels, sous la coupe du régime pour la plupart d’entre eux, les ont passé sous silence. Voir le communiqué précédent.Le régime durcit également la censure des articles en ligne des médias internationaux sur les troubles actuels. Par ailleurs, Isabelle Mandraud, journaliste du service international du quotidien Le Monde, spécialiste du Maghreb, s’est vue refuser l’entrée sur le territoire tunisien le 6 janvier 2011. Le quotidien est interdit de distribution en Tunisie depuis l’expulsion de son envoyée spéciale Florence Beaugé en octobre 2009. (RSF –6 janvier 2011)
No comments:
Post a Comment