Monday, January 10, 2011

Tragédie tunisienne : La France Complice- Yahyaoui Mokhtar – Magistrat – Tunis le 10 janvier 2011

Le titre reproduit un peu les slogans scandés hier dans les rue de Paris en soutien aux victimes de la répression du mouvement social en Tunisie. Ce Matin le journal « le Monde »  revient dans son éditorial sur le même sujet. Sous le titre « Le silence de Paris sur la tragédie tunisienne » le journal s’interroge « la diplomatie ne saurait se résumer à la publication de communiqués dénonçant, ici et là, atteintes aux droits de l’homme, corruption et dérive dictatoriale de la part de tel ou tel régime. Les pressions publiques ont leur efficacité, mais aussi leurs limites. Seulement, vient un moment où le silence – en l’espèce celui de Paris – devient complice, à tout le moins peut donner l’impression de l’indifférence. Quand il faudrait dire haut et fort la parole de la France. »
La question se pose avec plus de pertinence encore ici à Tunis même si vous la posez au premier des tunisiens que vous rencontrez il vous répondra immédiatement et en toute spontanéité « Du coté de la dictature Bien sur. » Nous avons aussi tous appris ces évidence élémentaires qui font les abc de la politique chez certains. La politique ne peut pas se baser sur des sentiments ou sur des valeurs abstraits, ce son les intérêt qui sont la base et qui dicte les position politiques concret. Cela semble si logique qu’on a du mal à saisir l’intérêt qui fit de la France l’allier de la dictature dans notre pays, mais ce n’est pas à nous d’en juger.
Hier un massacre a été commis en Tunisie. Plus de vingt personnes désarmées ont été tués en pleine rue à Thela, Kassrine et Regueb. Les forces de répression qui les ont tués ont invoqué la légitime défense. Cela peut politiquement justifier un assassinat mais concrètement tout le monde sais qu’on a tiré pour tuer et qu’on a tué pour mater. Dans son point de presse du 5 janvier le porte parole de la diplomatie française a ainsi résumé la position française sur la situation en Tunisie : « Nous continuons de suivre de très près la situation en Tunisie et souhaitons que les tensions, qui ne sont dans l’intérêt de personne, s’apaisent. » La France partage l’objectif du pouvoir Tunisien pour faire cesser le mouvement de contestation en cours.
La France fait de bonne affaire en Tunisie et en plus de sa part prépondérant dans notre commerce extérieure elle rafle actuellement la plupart des marchés publics tunisiens dans des conditions dont le moins qu’on puisse qualifier est celui de transparence et de fair play. Cela nous mène à se demander si le maintien de la dictature en Tunisie est un intérêt national Français ? Les positions de la France dans les rapports d’association de notre pays avec l’union européenne vont dans ce sens. Elle fait fonction de parrain de notre dictature au prés des européens en gelant la considération du volet politique du contrat d’association. Etat de droit, Indépendance de la justice, liberté d’expression n’est pas le plat préféré que le gouvernement français aimeraient voir servir au tunisien.
Au plus fort de l’agitation qui secoue la Tunisie notre ministre des affaires étrangères a été annoncé au rendez-vous de son homologue français le lendemain. Cette rencontre intervient juste après la convocation de notre ambassadeur aux USA ou on lui aurait signifié clairement « Enough is enough» pour que le pouvoir tunisien arrête de tirez aux armes contre les manifestations et on s’attendait à ce que cette position soit réaffirmé par nos partenaires et amis dans le gouvernement français même si les termes seront plus diplomatiques et moins crus. La rencontre à commencé à 18 heure et l’usage massif des armes à feu contre nos concitoyens a débuté vers 22 heure…
Pour finir la question qui se pose ne concerne pas la complicité par le silence de Paris dans la tragédie tunisienne mais sa complicité tout court alors qu’au moment ou j’écris les armes crépitent dans plus d’un village dans mon pays.

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