Les affaires sont loin d’être résolues en Tunisie. Alors que le Premier ministre de transition Mohammed Ghannouchi a annoncé dimanche sa démission, la centrale syndicale tunisienne (UGTT) – très influente dans le pays – s’inquiète de la nomination « rapide et sans consultation » de Béji Caïd Essebsi.
Le président tunisien par intérim Foued Mebazaa a annoncé dimanche la nomination de cet ancien ministre du président Habib Bourguiba au poste de Premier ministre.
M. Caïd Essebsi « est connu pour son patriotisme, sa fidélité et son abnégation au service de la patrie », a ajouté le président, rendant également hommage au Premier ministre démissionnaire pour avoir « servi la Tunisie dans les circonstances délicates » qui ont suivi la chute de Ben Ali.
Réputé pour être un libéral, M. Béji Caïd Essebsi a occupé plusieurs postes ministériels sous la présidence de Habib Bourguiba, père de l’indépendance de la Tunisie, occupant notamment les portefeuilles de la Défense et des Affaires étrangères. Il a été également président de la Chambre des députés en 1990/1991.
La nomination « rapide et sans consultation » de Béji Caïd Essebsi « a été une surprise » a déclaré en suivant le secrétaire général adjoint de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), Ali Ben Romdhane.
« Comment peut-on s’assurer l’entente souhaitée pour sortir la Tunisie de la situation difficile lorsque le président ne se donne pas au moins 24 heures pour des consultations sur la désignation d’un Premier ministre, quel qu’il soit?« , s’est interrogé – à juste titre – le syndicaliste.
Ali Ben Romdhane considère par ailleurs que la démission du Premier ministre de transition Mohammed Ghannouchi – annoncée dimanche – est la conséquence de « l’incapacité du gouvernement à mettre fin à la violence et à son hésitation« .
« Mohammed Ghannouchi n’était pas à sa place » et sa démission « va calmer l’opinion publique« , a estimé quant à lui le syndicaliste Abdel Jalil Bedoui, conseiller de l’UGTT. (le 27 février 2011)
Biographie de Béji Caïd Essebsi, nouveau Premier Ministre
« M. Béji Caïd Essebsi, qui vient d’être nommé, premier ministre au sein du gouvernement provisoire, est né le 29 novembre 1926, à Sidi Bou Said, dans la Banlieue Nord de Tunis.
M. Béji Caïd Essebsi est un avocat et politicien. Il a été chargé d’importantes responsabilités gouvernementales entre 1963 et 1991.
Diplômé de la faculté de droit de Paris, en 1950, il a entamé sa carrière d’avocat à partir de 1952. Depuis son jeune âge, M. Essebsi a milité au sein du Parti du Néo-destour. Au lendemain de l’indépendance, il a rejoint le gouvernement comme conseiller du leader Habib Bourguiba. Il poursuit son ascension en devenant directeur général de la sûreté nationale (1963).
En 1965, il est nommé ministre de l’Intérieur puis ministre de la Défense (de 1969 à 1970) jusqu’à sa nomination au poste d’ambassadeur à Paris, puis à Bonn (à partir de 1987). Son adhésion au parti socialiste destourien (PSD) a été gelée en 1971 à cause de son soutien à la réforme du système politique.
Refoulé en 1974 de ce parti, il a adhéré en 1978 au mouvement des démocrates socialistes, présidé alors par M. Ahmed Mestiri. Il a dirigé le magazine opposant « Démocratie » jusqu’à sa réintégration au gouvernement au poste de ministre délégué auprès du premier ministre en 1980 puis ministre des Affaires étrangères en 1981.
Il a joué un rôle de premier plan à la tête de la diplomatie tunisienne, en votant la résolution des Nations unies condamnant l’agression israélienne contre le siège de l’Organisation de Libéralisation de la Palestine (OLP) à Hammam-Chott.
En 1989, il prend le perchoir de la chambre des Députés qu’il garde jusqu’en 1991. Son dernier mandat de député s’achève en 1994. Il reprend ensuite son métier d’avocat. Caïd Essebsi est marié et père de quatre enfants. »
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